

Pendant les étirements se forme cette impression que mon corps abrite par endroits des gisements d’énergies fossiles. Dans mon dos il y a une mine de charbon ou une nappe de pétrole, du carbone en cailloux, des fluides, différents degré de viscosité; du gaz sous pression, il fait chaud. Un travail de pompage corporel permet d’extraire l'énergie des couches profondes de mon corps. Je fais venir à la surface pour leur combustion prochaine les petites matières organiques sédimentées d'une autre époque. J'aspire dans leur accumulation avec ma respiration. Ma pompe diaphragmatique inspire et expire dans le territoire musculaire à puiser. Je récupère. Pour un même gisement, souvent, plusieurs puits d'entrée. Quelque part entre la peau et les os. Autour de moi la salle d’assouplissements du soir se transforme en champ de pompes à pétrole. Les filles fatiguées comme moi, ont flairé le filon, installées dans leur axe, forent leurs intercostaux, cages thoraciques expansives, bras balanciers.