L'écrivaine fait à travers la maladie une expérience corporelle qui l'invite à réviser ses rythmes, ses impératifs, et à intégrer les perceptions en présence.
"Mais la maladie met fin à cette mascarade. Elle oblige aussitôt à s'aliter ou, enfoncé dans de moelleux oreillers sur un fauteuil, à décoller les pieds du sol, ne serait-ce que de trois centimètres, pour les poser sur un autre siège, et alors nous cessons d'appartenir à l'armée des gens d'aplomb: nous devenons des déserteurs. Eux marchent au combat. Quant à nous, nous flottons avec les bouts de bois au gré du courant - pêle-mêle avec les feuilles mortes sur la pelouse, irresponsable, indifférent et en mesure, peut-être pour la première fois depuis des années, de regarder autour de nous, de regarder en l'air, de regarder, par exemple, le ciel."
Virginia Woolf, De la maladie (1930), Editions Payot et Rivages 2007